
Je veux mettre en lumière les sujets qui broient du noir parce qu’on refuse d’en parler. Je veux parler des vraies choses qui abîment notre estime, notre santé mentale et nos standards personnels. Je veux qu’on en parle afin que ça devienne moins lourd pour ceux qui absorbent ces paroles sans s’exprimer. Je veux un peu d’éclaircies parmi cette pénombre.
Je ne suis pas médecin et j’ai même pas fait sciences nat’ au cégep. J’apprends beaucoup en ligne même si les sources sont parfois mitigées, mais j’utilise mon jugement. Comme tout le monde, je suis biaisée par mes valeurs et mon expérience, mais je tente le plus possible d’être subjective. Mon opinion peut donc valoir moins que rien selon plusieurs, mais je vais la dire quand même parce que j’en ai envie.
Depuis que j’ai plus de connaissances en troubles alimentaires, j’ai tendance à en parler davantage lorsque mon entourage passe des commentaires louches sur le poids. On en entend souvent, des commentaires non sollicités. Dans les médias, par des inconnus dans la rue, par ses amies, par sa propre famille. Parfois, j’ai le courage de répondre et de tenter de corriger la pensée du mieux que je peux, d’autre fois je manque d’énergie et ne dis rien. Il y a aussi certaines fois où je fais de mon mieux pour être accueillante et je fais tout en mon pouvoir pour que l’autre personne ne se sente pas attaquée, mais on refuse quand même mon opinion. Et c’est correct. J’écris donc ce texte pour toutes les fois où je n’ai pas parlé ou on ne m’a pas écouté.
L’obésité est liée à une augmentation du risque de diabète type II, de maladies du cœur, de cancers, de troubles musculo-squelettiques et de mortalité prématurée, selon l’INSPQ en *année non trouvable* (c’est jamais clair sur ces sites-là, hein?)1. On sait que de faire moins d’exercice physique en général donne naissance en de plus faibles capacités de mouvement, de flexibilité et un plus faible cardio. On sait tous déjà que de manger seulement du «fast food» chaque jour peut nuire aux besoins du corps en vitamines et en variété alimentaire. On le sait tous déjà, tout ça.
Là où je trouve ça étrange, c’est que plusieurs se positionnent en tant qu’experts et commentent sur les habitudes des autres. C’est parfaitement normal, si on est médecin et je pense pas que le monde entier le soit, de s’inquiéter du poids du quelqu’un à cause des risques associés. Ces risques-là sont prouvés, je n’argumente rien là-dedans. La personne en surpoids connait les risques, je te parie n’importe quoi que son médecin lui en parle déjà. La personne passe un bilan de santé comme les autres et est au courant de son état de santé global. Elle peut se gérer elle-même, c’est pas ton travail. Ça sert à rien de l’intimider en ligne en cachant son commentaire sous un voile « d’inquiétudes ».
Ce qui est frustrant, c’est qu’une personne mince peut avoir des habitudes pires encore, et on ne lui dira rien. Un fumeur quotidien de tabacs ne se fait pas ramasser en ligne pour sa consommation et pourtant les conséquences sur la santé physique sont clairement établies et multiples2. Une personne penchant vers la bigorexie3 qui se surentraîne et a eu plusieurs blessures aux muscles et ligaments se fera féliciter pour son assiduité. Plein d’autres modes de vie et troubles influencent dangereusement notre santé. Généralement, on laisse la personne vaquer à ses occupations. Pourquoi n’est-ce pas le cas lorsqu’on parle du poids?
On dirait quasiment une obsession perverse pour le surplus de poids. Comme si c’était l’ennemi numéro un. Moi je crois que l’ennemi numéro un est l’idéal de beauté sociétal. C’est là, selon moi, la source des commentaires sur le poids et les habitudes de vie. Avant de commenter l’apparence ou le poids de quelqu’un, on devrait se demander pourquoi on le fait. Est-ce vraiment parce que je connais la personne, sa santé et que j’ai des inquiétudes? ou est-ce parce que je suis choqué par ce que je vois, dû au manque de diversité corporelle qui m’entoure?
Bref, je crois simplement qu’on devrait davantage penser avant de commenter le poids des autres. On dirait que ça devient plus facile lorsqu’on est en ligne et qu’on parle d’obésité. Aurais-tu autant de guts de faire part de ton « inquiétude » à un inconnu dans la rue, à ton patron, à la vendeuse qui t’accompagne dans ta sélection de vêtements?
Ouin, je ne croyais pas non plus.
Élisabeth Nolan, intervenante
Sources