Quand la culpabilité prend toute la place : comment survivre aux fêtes?

Chaque année, à l’approche de Noël et du jour de l’an, on se prépare aux réunions entre collègues, entre amis ou en famille, qui se déroulent bien souvent autour d’un repas à partager. Manger rassemble les gens et les fêtes sont une belle occasion de passer du temps avec ceux qui nous sont chers. C’est une période de l’année riche en traditions qui forgent certains de nos plus beaux souvenirs. Cette saison de festivités amène aussi son lot de culpabilité, plusieurs pensant déjà au chiffre grimper sur la balance en janvier. Pour d’autres, l’abondance de nourriture fait place à un profond sentiment d’anxiété.

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Crédits photo: Caroline Cloutier

Festins des fêtes et prise de poids 

Ce sentiment de culpabilité, cette petite voix qui nous ordonnent de nous contrôler et d’éviter les desserts sucrés qui nous font soi-disant engraisser, on aimerait la faire taire et simplement savourer chaque instant. Mais quand la crainte de prendre du poids est trop envahissante, cette petite voix prend toute la place. Alors qu’elle nous incite à nous restreindre, la tentation n’est que plus grande. Hasard? Au contraire, car la restriction et l’interdit sont tellement plus attirants. Et si je vous disais de ne pas penser à un éléphant rose, à quoi penseriez-vous…?

Pourtant, les fêtes ne sont pas nécessairement synonymes de prise de poids. En respectant nos signaux de faim et de rassasiement, aucun aliment n’a le pouvoir de nous faire prendre ou perdre du poids. La faim, c’est un signal que notre corps a besoin d’énergie, qui se ressent entre autres par un gargouillement, un creux dans l’estomac. Le rassasiement, plus discret, se ressent lorsqu’on se sent bien et lorsque l’envie de manger se dissipe. Qu’on parle d’une pointe de tarte au sucre, ou de la tourtière de grand-maman, une partie de l’énergie est utilisée et une autre partie est convertie en déchets qui seront éliminés. Dans un cas comme dans l’autre, c’est le total d’énergie ingérée qui fait une différence sur la balance et lorsqu’on dépasse notre point de rassasiement, les surplus d’énergie sont emmagasinés et serviront de réserve d’énergie pour notre corps.

En prévision d’un souper plus copieux, on pourrait être tentés de sauter le diner, ou encore le déjeuner du lendemain. Toutefois, lorsqu’on saute un repas, cette mise en réserve est augmentée. En fait, un tel comportement augmente la faim et nous risquons de nous retrouver affamés au repas suivant, accélérant le rythme auquel nous mangeons et augmentant alors la quantité de nourriture consommée. De plus, le fait de sauter un repas incite le corps à se mettre en mode économie d’énergie, se préparant à stocker plus de graisses au repas suivant. Pas fou, quand même, car sans ces mécanismes de défense, l’homme n’aurait jamais survécu si longtemps!

Apprendre à s’écouter

Je ne prétends pas présenter une solution simple en encourageant l’écoute de ses signaux de faim et de rassasiement pour faciliter la gestion du poids. Être à l’écoute de nos besoins, c’est plus facile à dire qu’à faire. En fait, c’est un apprentissage continu qui devrait être fait sans jugements à l’égard de soi. En présence d’aliments d’exceptions, on peut facilement être tenté de manger plus que nécessaire. Toutefois, lorsque les aliments en questions font partie de notre quotidien, il est plus facile de s’arrêter, car nous savons que nous aurons d’autres occasions d’en manger. Pourquoi alors ne pas demander la recette des boulettes de ta tante Ann plutôt que d’en manger à en devenir inconfortable? Il peut s’agir d’une solution pour faire face à l’envie de manger « parce que c’est trop bon ».

Comme l’alcool nous embrouille parfois l’esprit, elle brouille également nos signaux de faim et de rassasiement lorsque notre consommation accompagne un repas. Il peut alors être plus difficile de repérer ce moment, si subtil, où la faim se dissipe. Il peut alors être souhaitable de faire preuve de modération et de limiter notre consommation d’alcool aux repas, sachant qu’elle nuit à l’écoute de nos signaux.

Nos signaux s’adaptent aux besoins de notre corps

Ces soupers entre collègues, entre amis ou en famille restent des moments festifs et il n’est pas rare de dépasser notre point de rassasiement. Bien que l’écoute de nos signaux soit souhaitable au quotidien, inutile de ressentir de la culpabilité s’il nous arrive de les négliger. À la recherche de l’équilibre, notre corps s’adapte aux variations de notre alimentation d’un jour à l’autre. En effet, le lendemain d’un repas plus copieux, la faim se fait plus discrète. Pour faire confiance à notre corps et à ses signaux, encore faut-il les respecter lorsqu’ils se manifestent. Lorsque ceux-ci sont ignorés, ils se dissipent et peu à peu, on se déconnecte des signaux de notre corps. D’autres habitudes nuisent à l’écoute de nos signaux, par exemple lorsqu’on mange en l’absence de faim et qu’on cesse de manger en réponse à un signal externe comme vider son assiette.

À l’approche des fêtes, soyons plus à l’écoute de notre corps. Pour profiter pleinement de cette période de l’année, profitons du moment présent et mettons de l’avant le plaisir plutôt que la culpabilité.

Joyeuses fêtes!

Caroline Cloutier, Nutritionniste

Vous pouvez suivre Caroline sur son blogue : http://ccloutiernutrition.com/blogue/

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