Le mythe le plus tenace de toute l’histoire nutritionnelle

Il était une fois l’histoire du pain, des pâtes et des patates… Ils vivaient leur vie simplement, jouant leur banal rôle d’aliments en nourrissant les familles. Jusqu’au jour, où l’industrie de la diète s’invita dans le portrait. Elle devait trouver un coupable! Gagner du pouvoir en semant le doute et la peur. Sans surprise, ce fut nos pauvres produits céréaliers qui furent le souffre-douleur. Pourtant, nos chers PPP font-ils réellement prendre du poids?

Les biais cognitifs

Ah, ces petits subterfuges du cerveau. Ces faux raisonnements, ces petits raccourcis que l’on fait. Plusieurs biais cognitifs expliquent pourquoi nous sommes convaincus que les produits céréaliers sont le mal incarné.

  1. Le premier, c’est le biais de popularité ou appel à la foule. Ou en d’autres termes « si tout le monde le dit ça doit être vrai ». N’est-il pas possible que tout le monde se trompe? Et qui est ce « tout le monde »? L’industrie de la diète? Notre coach? Notre tante? Il s’avère particulier que ce « tout le monde » n’inclue pas les nutritionnistes ou bien l’ensemble des études scientifiques existantes.
  2. On ajoute à cela le biais de confirmation, qui consiste à privilégier les informations qui confirment nos propres idées et à accorder moins d’importance à celles qui vont en sens inverse. Pas étonnant alors qu’on ait l’impression que « tout le monde » dise que les PPP, ça fait grossir!

Déconstruction du produit céréalier

Bon, explorons un peu plus en détail le produit céréalier. Il est principalement formé d’amidon, un glucide complexe qui apporte de l’énergie au corps. À cela s’ajoutent des fibres, des vitamines du groupe B et des protéines. Il a un pouvoir rassasiant intéressant et régénère nos réserves de glycogène afin d’avoir de l’énergie pour les prochaines heures. Et la patate? C’est en fait un légume, mais dont les valeurs nutritionnelles ressemblent drôlement au produit céréalier. C’est pourquoi on le consomme souvent de la même façon. Jusqu’ici, le produit céréalier me semble bien inoffensif, même un peu charmant!

Mais ne contiennent-ils pas des glucides?

Ah évidemment, c’est là qu’on allait en venir… leur contenu en glucides. Effectivement, ils contiennent des glucides. Comme les fruits, plusieurs légumes, les produits laitiers, les légumineuses et certains aliments plaisirs. Bref, comme le ¾ des aliments, non? C’est normal, il s’agit de notre principale source d’énergie! C’est même la seule du cerveau. Plus encore, les recommandations de santé publique (ANREF) recommandent environ 50% de nos apports sous forme de glucides, afin de favoriser une santé optimale. Encore une fois, je ne vois rien de diabolique ici.

Mais ne font-ils pas prendre de poids?

Qu’on coupe les glucides, les protéines, les lipides…. Ça ne change rien! Les études démontrent que c’est du pareil au même. La restriction alimentaire, peu importe sa forme, peut mener à une perte de poids à court terme, mais AUCUNE méthode n’a été démontrée efficace à long terme. Le contrôle mène à la perte de contrôle!

Au risque de surprendre, aucun aliment en soi ne fait perdre ou prendre du poids.

La restriction, le pire ennemi

Eh oui, éliminer les produits céréaliers, c’est s’imposer une règle. Ça se nomme de la restriction cognitive. Et le hic, c’est que lorsqu’on la transgresse, on risque de vivre de la culpabilité. Facilement, on peut même tomber dans un tout ou rien. Tout est gâché, autant en manger pour la peine. De toute façon, demain j’arrête! Résultat : des excès alimentaires, une relation avec la nourriture difficile, une estime de soi abaissée et une vie constamment sous la dictature d’une règle auto-imposée.

Voici quelques pistes de réflexion :

Ai-je tendance à restreindre mes produits céréaliers?

Si oui, pourquoi? Ai-je des preuves suffisantes?

M’arrive-t-il de me sentir coupable lorsque j’en mange?

Est-ce que cela affecte ma relation avec la nourriture?

Si oui, est-ce que ça en vaut vraiment la peine?

Bonne réflexion!

Mélanie, nutritionniste à la Maison L’Éclaircie

Références :

Baillargeon, N. (2005). Petit cours d’autodéfense intellectuelle. Montréal, Québec : Lux Éditeur.

Radio-Canada. Pourquoi croit-on les fausses nouvelles? [EN LIGNE] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1173415/pourquoi-croyance-fausses-nouvelles-complots-cerveau-biais-cognitifs (page consultée le 5 août 2020)

Santé Canada. Apports nutritionnels de référence [EN LIGNE] https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/migration/hc-sc/fn-an/alt_formats/hpfb-dgpsa/pdf/nutrition/dri_tables-fra.pdf (page consultée le 5 août 2020)

Johnston, B. C., Kanters, S., Bandayrel, K., Wu, P., Naji, F., Siemieniuk, R. A., … & Jansen, J. P. (2014). Comparison of weight loss among named diet programs in overweight and obese adults: a meta-analysis. Jama, 312(9), 923-933.

Bacon, L., & Aphramor, L. (2011). Weight science: evaluating the evidence for a paradigm shift. Nutrition journal, 10(1), 9.

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