En mangeant, nous percevons une foule de sensations provenant de nos 5 sens. Chacun d’eux a son rôle à jouer dans l’expérience alimentaire. En prendre conscience permettra d’apprécier davantage notre repas et ainsi d’en retirer plus de satisfaction alimentaire.
La vue
Si je vous demandais de penser à une assiette appétissante, comment pourriez-vous la décrire ? Quelles couleurs voyez-vous, quelles textures sont présentes, y’a-t-il des aliments spécifiques ?Chacun a sa propre définition d’une belle assiette considérant que nous avons tous des goûts différents. En plus d’être attiré vers les aliments que nous aimons, l’œil apprécie les différentes couleurs et textures. Il est donc important d’incorporer des aliments visuellement intéressants pour nous lors de la préparation d’un repas, sans oublier nos aliments préférés. Nous pourrions décider de mettre l’accent sur une belle présentation: un coulis de sauce esthétique avec des herbes fraîches, par exemple. Le visuel de notre assiette peut donc être modelé selon nos envies. Il ne faut pas oublier la vaisselle utilisée qui peut aussi changer notre perception de notre repas. Par exemple, il est possible de manger un pokebowl dans une assiette, mais lorsque l’on s’imagine ce repas, nous pensons à un bol. Imaginez si, au restaurant, vous commandiez ce repas et le receviez dans une assiette, seriez-vous déçu?
L’odorat
Il est possible de sentir les aliments de deux façons: directement avec notre nez et lorsque les aliments sont dans notre bouche. En effet, nous goûtons les saveurs et nous pouvons percevoir les arômes qui remontent à l’arrière de notre palais, jusqu’au nerf olfactif. Quand nous avons le rhume, nos sinus sont enflés et bouchés et cela empêche les arômes de se rendre à notre nerf olfactif, nous ne sentons donc rien. Il est possible de croire que la nourriture ne goûte rien, car les odeurs et saveurs sont complémentaires et permettent de reconnaître les aliments. De plus, les odeurs permettent à notre corps de se préparer à recevoir des aliments. Lorsque l’heure du souper approche, que le repas est au four et que l’odeur se propage dans toute la maison, notre bouche se met à saliver et notre corps se prépare à la digestion en libérant les enzymes nécessaires. Finalement, les odeurs peuvent être associées à des souvenirs olfactifs. Par exemple, un certain repas peut vous rappeler un souvenir de votre enfance ou bien l’odeur du fumé peut rappeler un feu de camp et la saison du camping.
Le toucher
Notre langue, notre palais, nos joues, ainsi que le bout des doigts, sont sensibles au toucher. Chaud, froid, liquide, solide, mou, dur, rugueux, doux … sont toutes des sensations qui influencent notre alimentation. De plus, certains aliments contiennent des substances pouvant mimer certaines sensations tactiles. Par exemple, la menthe qui donne une sensation de froid, le gingembre qui donne une sensation de piquant et les boissons gazeuses qui picotent la langue. Les textures peuvent aussi jouer sur notre appréciation de certains aliments. Parfois, nous aimons le goût de ceux-ci, mais la texture en bouche nous dérange. D’autres fois, ce sont des textures qui nous attirent. Nous pouvons penser à de la crème glacée qui fond, le jus d’un fruit qui coule, le moelleux d’un pain, le croquant d’une noix, etc. C’est aussi souvent le mélange de plusieurs textures qui rendent un mets ou un dessert exquis/balancé/spécial.
L’ouïe
Croustillant, croquant, pétillant, les aliments qui cuisent … Tous ces bruits contribuent à stimuler l’appétit et à exciter le goût. De même que pour l’odeur, l’ouïe permet au corps de se préparer pour l’arrivée d’un repas ou d’une collation. Entendre quelqu’un manger des légumes croquants peut nous donner envie d’en manger aussi, ou bien entendre du popcorn éclater au micro-ondes. L’ouïe peut aussi nous aider à détecter la fraicheur de certains aliments ou boissons. En ouvrant une canette de boisson pétillante, nous devrions entendre un crépitement. Sans celui-ci, nous pouvons déjà nous attendre à une boisson qui n’est plus gazéifiée.
Le goût
Les saveurs sont une partie importante de l’alimentation, considérant qu’elles influencent nos choix. Avons-nous envie de salé, de sucré, d’acide, d’umami ou d’amer ? Chacune de nos envies vient combler un besoin soit physique ou psychologique. Quand on a envie de certains aliments, nous ressentons plus de satisfaction en mangeant cesdits aliments.
Goûter le sel nous amène à détecter où se trouvent les sels minéraux, utiles pour rester hydraté et pour la contraction de nos muscles, dans notre alimentation. Détecter le sucré nous permet d’identifier les sources d’énergie rapide, les glucides, que notre cerveau utilise pour fonctionner.
Avez-vous déjà remarqué la sensation de pincement derrière les joues en goûtant l’acide ? Ce sont nos glandes salivaires qui se contractent pour que nous salivions plus afin de protéger l’émail des dents. La salive sert à rincer la bouche et diluer l’acide pour ne pas abimer l’émail.
« Umami » signifie savoureux, délicieux, en japonais. C’est un goût retrouvé dans le fromage, le poisson, les viandes et le poulet. Le glutamate monosodique est présent naturellement dans les aliments protéinés et dans les champignons et est un assaisonnement souvent utilisé dans la cuisine asiatique pour rehausser les saveurs.
Finalement, l’amer est une saveur que nous apprenons à aimer. À la base, nous ne sommes pas attirés vers ce qui est amer, mais certains aliments, comme le chocolat noir ou le pamplemousse par exemple, peuvent nous faire apprécier cette saveur.
Somme toute, être alerte à toute cette expérience sensorielle est une partie importante du principe de manger en pleine conscience. Il est intéressant de s’y attarder parfois un peu plus qu’à l’habitude pour explorer nos goûts, nos envies et nos préférences.
Justine Morand, stagiaire en nutrition